samedi 21 février 2009

Givrée

20 000 ariary/kg de vanille.
8,00 €, c'est le prix moyen que les négociants achètent le kilo d'or noir à Madagascar en 2008.
Alors qu'en 2003, un cultivateur recevait 500$ pour la même quantité, les marchés mondiaux n'ont cessé de développer des stratégies pour faire baisser les cours.
Aujourd'hui, la pauvreté est très présente dans la région de la SAVA
(du nom des 4 villes principales de la région de la vanille : Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa)

En 2008, les gens n'ont pas eu assez de riz pour se nourrir.
Des mesures sont prises.
Des cultures de vanille sont arrachées.
Les terrains sont brulés.
Quelques semaines plus tard, on y plante du riz.
Maintenant, on peut voir des rizières partout.
Il y a encore de la vanille, mais ça n'est plus rentable...

Voilà un éléments pour commencer à comprendre pourquoi ce peuple se révolte contre une présidence très en décalage avec les réalités de la vie.


Une belle surprise dans les lots de vanille
que nous avons ramené en janvier :
Les gousses cristallisent ou "givrent".
C'est le must pour ce produit.


Cela montre que le produit
n'a pas été chauffé (au four),
qu'il n'a pas été traité chimiquement
ou lavé dans l'eau bouillante.


Cycle (simplifié) de la vanille (orchidée) :
En janvier de l'année 00, plantation de la vanille.
Année 03, une orchidée pousse. Insémination artificielle.
Année 04, traitement de la vanille pour la préparer à la vente
A partir de la 5ème année, il y aura une récolte annuelle.
La qualité de la récolte peut être mise en danger par le passage d'un cyclone dévastateur.

mardi 10 février 2009

Vanille & rhum de Madagascar

Madagascar est un pays riche, mais les malgaches sont pauvres.
Arsène, un ami de Tana.


dimanche 18 janvier 2009

Au fond de la vie

Le 1er janvier, nous avons fêté le nouvel an.
Tout le monde était mamo (comprendre : en état d'ébriété).
Vers 17h30, on me demande de faire des portraits de famille.
Je fait rapidement le tour de la maison, il y a un mur qui pourrait faire un fond photo tout en profitant de l'éclairage du soleil descendant, presque à l'horizon.
15 à 20 mn pour faire passer différents groupes.
Tous bourrés et difficiles à placer.
Sans compter qu'il m'aura fallu arracher une partie de la clôture pour avoir du recul.

Le résultat est là, enfin, une partie :






Dans une fête, on déguste l'alcool servie par notre hôte.
Ensuite, on va chez le fournisseur de betsabetsa* du quartier, et on épuise ses réserves à coups de grands seaux.


* betsabetsa : alcool (fabrication locale) de canne à sucre

mercredi 7 janvier 2009

Malaise


Le téléphone mobile n'est pas dangereux pour vous,
mais il est interdit de téléphoner dans les stations services.

Le téléphone mobile n'est pas dangereux pour vous,
mais éteignez-le à bord de l'avion.

Le téléphone mobile n'est pas dangereux pour vous,
mais gardez-le à distance de votre cerveau.


Malaise

Deux heures du matin, je suis dans l'avion.
Depuis que nous avons embarqué vers 23h30, j'ai déjà été deux fois aux toilettes.
Des diarrhées.
N'ayant pas soigné sérieusement mes diarrhées de dimanche matin, elles reviennent.

Je me sens bizarre.
Quelque chose va se passer.
Ce n'est pas bon.
J'ai déjà vécu ça en 2001, lors de mon premier voyage à Mada.
Je commence à transpirer et à perdre le contrôle de mon corps.
J'ai très chaud.
La transpiration coule de mon corps.
Mon coeur bat fort.
Son rythme s'accélère.
J'attrappe la main de Marie.
Deux trois mots pour lui faire comprendre que j'ai un malaise.
Deux hôtesses de l'air arrivent.
Ma conscience s'éloigne.
Des images s'imposent à mon esprits.
Ce sont des photos, elles défilent à une vitesse folle, avec une grande force.
Je pars... Ai-je encore les yeux ouverts ?
Marie a peur. Mes lèvres sont toutes blanches.
Impossible de voir les personnes qui me secourent.
Je perds conscience...

La voix de Marie.
Elle m'appelle.
Je reviens lentement.
J'ai très mal au ventre.
Je perçois à nouveau les gens autour de moi.
J'étais absent peu de temps.
"Une poche, vite"
Commence alors un long et douloureux manège entre vomissements et occupation des WC, jusqu'à ce qu'il ne reste rien.

Au lever du soleil, nous arrivons en France.
Je suis épuisé, mais valide.
J'achète des médicaments, la vie peu reprendre...

Aéroport


De l'eau qui coule d'un robinet.
Après avoir passé un mois dans un village côtier, je prends plaisir à passer mes mains sous un robinet.
Vous avez sans doute oublié quel plaisir on a en se lavant le deux mains en même temps,
avec de l'eau qui coule dessus.
De l'eau à volonté.
Avec le robinet, aucun risque de se retrouver plein de savon sur le corps
et le seau d'eau vide, obligé de partir en chercher au puit pour finir sa toilette...
L'eau courante est une belle invention !



Aéroport

Je suis à l'aéroport. C'est long, comme d'hab.

Les acteurs habituels sont là :
Les douaniers, qui ne cherche rien, mais réclament leur "café*".
Les hotesses d'enregistrement, qui sont plus ou moins souriantes et se plaisent à vous faire refaire vos bagages pesés sur des balances déréglées.
Les policiers, qui font leur boulot.
Et bien sûr les passagers, dont la plupart sont des touristes, qui s'agglutinent sous formes de files d'attentes.

Pour passer le temps, on discute avec des inconnus.
On se raconte des histoires vécues ou on s'échange des adresses.
"Ah, si j'avais sû qu'à tel endroit on pouvait...".
On note soigneusement les bons plans, les hôtel ou les restau...

Le temps passe... lentement.

Nous serons à la maison demain soir.
Attendre ici n'est pas tout, il faut env. 11h d'avion pour arriver à Roissy-Charles de Gaulle.
Puis attendre encore pour prendre le TGV et venir à Bordeaux.
C'est long.
On le sait, on s'y est préparé.

Demain soir, c'est déjà du passé.


Pour passer le temps, je vous présente ma dernière découverte à Tana :
Le ver à soie.
Rien d'extraordinaire, si ce n'est que cette production est réservée pour servir à table.
Bon appétit.








J'aurais dû poster ce message hier soir, mais pas de WIFI possible à l'aéroport de Tana.

samedi 3 janvier 2009

Un cri dans la nuit

Meilleurs voeux à tous pour 2009

Je me lève, révéillé par les voisins qui discutent depuis des heures.
Ils affûtent des grands couteaux sur une pierre.
Je m'assoies à table, sans allumer la lumière.
Il n'est pas encore 4h du matin.
Quelques minutes plus tard, le quartier est plongé dans le noir.
La Jirama* a coupé le courant.
Des cris puissants et aigus, qui s'étouffe peu à peu. Mon voisin vient d'égorger son cochon.
Les chiens aboient.
Les enfants se réveillent quelques instants.
Les trois hommes parlent toujours, à l'extérieur. Ils plaisantent et rigolent.
Le quartier semble se rendormir, plongé dans le noir, sauf moi avec ma lampe de poche posée sur la table et un coca-efféralgant dans la main.

Cette nuit, beaucoup de porcs se sont fait égorgés.
Nous sommes le 1er janvier.
La vente de la bête, pour la fête du nouvel an, ramènera un joli pécule à son propriétaire.




Nous avons fêté le nouvel an ce 1er janvier. Ici tout le monde est "mamou" (bourré).
Même certains enfants picolent du punch coco ou du betsabetsa** dérobé sous les yeux des parents impassibles.
Le soir, tout le monde dort dans la maison. Le confort n'est pas important, l'alcool fait le reste.
J'observe et je photographie.



Ceci est sans doute mon dernier post depuis ici.
J'ai mal partout, je suis fiévreux.
J'ai fait presque 8000 photos.
Je me demande si mon chef me donnerait 1 mois de vacances.
J'ai vraiment besoin de me reposer.




renvois :
*Jirama : équivalent de l'EDF.
**betsabetsa : alcool de canne à sucre. Ici, on l'achète au seau, pas à la bouteille.

intérieurs

De l'eau froide.
Je fais couler de l'eau bien froide sur ma tête et sur mon corps.
Un régal.
6h30 du matin, le soleil commence à monter à l'horizon et une forte chaleur s'installe, accompagnée d'une importante humidité dans l'air.
Nous sommes à la période la plus chaude de l'année.
Lorsque le soleil est au zénith, les gens cherchent de l'ombre et se reposent.

Je bois chaud.
Je bois du Coca bien chaud.
Qui a dit que cette boisson devait se boire fraîche ?
Lorsque l'on a rien, ou presque, un Coca chaud est un plaisir que l'on savoure.
Je suis dans une maison de cultivateurs de vanille, sous un toit en tôles qui renvoit jusqu'au sol des rayons de chaleur.
Je me pose tous les jours la même question : pourquoi n'isolent-ils pas les plafonds et les murs ?Et toujours la même réponse me vient à l'esprit :
pas le temps, pas les moyens, pas envie de s'embêter.

intérieurs

Durant deux jours, je suis parti en brousse pour constituer une série de portraits.
Après en avoir réalisé une auparavant, au début de l'année 2008, j'ai réalisé qu'il me fallait aussi montrer l'intérieur des maisons qui révèle la personnalité de ces gens.


J'en profite pour vous montrer de la vanille :
Les petites tiges sont de la vanille Bourbon, d'une excellente qualité.

Les grandes tiges sont de la vanille Mexique (qui vient du...).
Elles est énorme, n'a pas beaucoup d'odeur et devinez quoi ? Et bien, à force de se voir acheter la vanille 8€ le Kg, les cultivateurs s'intéressent de plus en plus à cette merde.
Plus grande, plus lourde, plus d'argent dans la poche.
Merci les marchés mondiaux !



Aïe aïe aïe Tourista - Jamais 2 sans 3

Mon fils a été fortement malade la semaine dernière.
Allers-retours chez le médecin et à l'hôpital tous les jours.
5 jours de souffrances pour un petit qui ne comprend pas ce qui lui arrive...
En cause ? De l'eau du puit non bouillie correctement, des fruits mangés sans être pelés, une hygiène dans la cuisine qui laisse à désirer.
Ici, il y a un conflit depuis près d'un mois. Je tente d'installer un minimum d'hygiène, sachant que nous, les vasaha*, nous n'avons que bien peu de défenses immunitaires contre l'eau et les parasites présents dans la nourriture.
Faire bouillir de l'eau pendant 20mn minimum semble incompréhensible, hors norme.
Ici, un enfant pèle une mangue avec ses dents, pas un couteau. Laver un fruit après l'avoir pelé ? Pourquoi ?
Les gens, ici, disent que tomber malade est une fatalité, que ça arrive à tout le monde.Difficile de changer la conscience de gens** qui, la nuit tombée, mettent un balai retourné devant la porte pour que les voleurs ne rentrent pas.

Faire bouillir l'eau plus de quelques minutes entraine des railleries à mon encontre... Jusqu'à ce que Christo hurle de douleur. La maison se vide, on arrête de rigoler.Un médecin parle de gastro, un autre lâche le mot grippe, je pense à renter en France d'urgence.Christo se remet 5 jours après.La cuisine est maintenant un peu plus propre, les préparation sont surveillées de près.

Il reste tant à faire...



Ca me rappelle une histoire vraie à Antsirabé.J'avais lu dans un guide touristique et sur Internet qu'il fallait éviter un restaurant à Antsirabé. Il y avait pas mal de clients qui attrappaient des gastro (2003).Lorsque j'ai passé quelques jours dans cette ville, en oct 2003, j'ai remarqué que le restau en question était fermé. Après avoir questionné l'entourage, il m'a été confié que le patron était mort intoxiqué par l'insalubrité de sa cuisine.Vous appellez ça de la fatalité ?


Renvois :

*vasaha, l'étranger blanc
**Les cultivateurs, dans cette région, sont excentrés. Ils reçoivent un peu d'informations, mais n'ont que peu de conscience du monde qui les entoure. Pas le temps, pas les moyens. On est loin des habitants de la capitale qui ont accès à (presque) tout (Encore que...).